Bonjour à tous
A la demande de Jean-Pierre, je vais tenter de décrire et détailler les étapes de mise en œuvre d’un aquarium marin.
Types d’aquariophilie marine tropicale : Il en existe 2. Le récifal est basé sur les colonies coralliennes, du fait de la qualité d’eau exigée pour leur développement, les poissons ne seront que secondaires, en nombre très limité et en diversité tout autant réduite. Le FO (fish only) représente un aquarium d’eau de mer avec des poissons seulement, mais sans coraux car poissons et coraux sont bien souvent incompatibles, même si ça ne l’est pas physiquement, ça l’est biologiquement, car les qualités physico-chimiques de l’eau seront très différentes quoi que vous fassiez. L’avantage du FO est de vous offrir un très large choix de poisson. Mon bac actuel sera donc un récifal qui permet de réaliser un décor coloré mais à l’avenir je reverrais d’un très gros volume avec des poissons ange, papillons, baliste…
Important pour le début de la mise en eau : le sel de synthèse ne se dissout correctement qu’à 25°, il faut donc prendre en compte ce paramètre avant d’ajouter le moindre vivant. De même pour la mesure de la densité, si l’on dispose d’un simple densimètre flottant, cela ne donne la mesure exacte qu’à cette température. Le tout est d’obtenir une densité de 1024 soit environ 33-35 g de sel par litre d’eau ce qui fait pour mon bac près de 30 kg !!
Réalisation du décor : 2 écoles : faire le décor avant ou après la mise en eau. Personnellement je préfère le faire après afin de limiter au maximum la sortie des pierres de l’eau pour ne pas tuer les différents micro-organismes qui assureront la vie du bac. Il est important d’avoir entre 10 et 20 % de pierres par rapport au volume d’eau. Pour ma part, c’est le plus important de tout car mon bac peut très bien fonctionner une journée sans écumeur en cas de coupure électrique par exemple.
Principe de la filtration méthode berlinoise et rôle de l’écumeur : Il sert à extraire les différents déchets des poissons et coraux qui sont aspirés par une surverse à la surface de l’eau. Pour cette même raison et là encore çà n’engage que moi, le fait d’extraire les éléments nocifs de l’eau peut permettre de s’abstenir de changements d’eau. Ainsi en un an sur mon bac précédent, je n’ai fait qu’un seul changement d’eau sans aucun soucis.
Intérêts de la supplémentation : remonter les apports en minéraux et carbonates. Personnellement, j’ai opté pour l’utilisation d’un RAC (réacteur à calcaire) qui permet cette étape dont le processus est de faire passer l’eau dans une chambre sous pression acidifiée par du CO2 afin d’avoir au final dans le bac un KH, Ca et Mg le plus stable possible. Ces derniers sont en effet consommés à l’infini par les différents inverterbrés. Auparant j’utilisais un produit Red Sea tout en un ainsi que du buffer qui fonctionne très bien sur des petits volumes mais maintenant ce n’est plus possible. Il existe également la méthode balling qui permet de doser chaque composant un à un par l’intermédiaire de pompes doseuses.
La cuve technique : elle permet de cacher tout le matériel nécessaire sous l’aquarium. Elle se compose d’une zone d’arrivée et de ralentissement d’eau (décantation) puis de la partie niveau constant d’eau où l’on place l’écumeur, le chauffage et le RAC, ensuite la zone niveau variable où la pompe de remontée renvoie l’eau dans le bac principal. Cependant, cette dernière zone voit son niveau d’eau varier sous l’effet de l’évaporation. On utilise donc un osmolateur qui permet de réguler la quantité d’eau présente dans l’aquarium en ajoutant de l’eau douce afin de limiter au maximum les variations de densité car le sel lui ne s’évapore jamais ! Une surverse permet d’alimenter cette cuve par débordement dans une descente.
Le refuge : disposé en parallèle de la cuve technique il permet d’augmenter la biodiversité car sans prédateur et également de stabiliser le Ph par l’emploi d’un éclairage inverse du bac principal. Il existe plusieurs types de refuge et j’ai fait un peu un mix de toutes les méthodes : Lit de sable épais, pierres vivantes, algues caulerpe, et 2 crabes qui n’ont rien à faire dans l’aquarium ! Le turnover doit être inférieur au bac pincipal qui est d’environ 5 fois le volume du bac par heure.
Le brassage : il a lui aussi son importance car il permet l’oxygénation de l’eau, d’avoir une qualité d’eau uniforme dans tout l’aquarium mais également de recréer les conditions naturelles de courants d’eau pour les coraux. On conseil environ 20 à 30 fois le volume du bac ce qui est à prendre avec des pincettes car il faut veiller à bien répartir les flux d’eau dans le bac car certains coraux aiment être brassés mais d’autres pas du tout ! Certains n’y penses pas mais l’arrivée d’eau dans le bac recréé également du brassage…
L’éclairage : je n’ai vais pas m’attarder dessus car personne n’est d’accord sur le sujet. Certains optent pour les néons, le HQI et d’autres comme moi préfèrent la faible consommation, le rendement et l’ergonomie du LED… Ce qu’il faut simplement retenir, c’est que contrairement à un bac d’eau douce amazonien par exemple, on doit recréer des conditions de lumière comprises entre 10 et 50 mètres de profondeur dans une eau marine et eau niveau des tropiques ! L’éclairage se doit donc d’étre intense mais surtout avec un spectre lumineux complètement différent puisqu’à ces profondeurs, seul le « bleu » persiste. J’ai pas mal étudié le sujet entre les lumens, le PAR, le PUR… c’est la partie la plus compliquée que l’on devrait finalement ne pas réaliser soi-même ?!
Les paramètres en récifal : Comme tout aquariophile qui se respecte, je cherche à obtenir les meilleurs paramètres possibles. Ainsi en récifal il faut être particulièrement vigileant sur la température, la densité, le Ph, le Kh, le calcium et magnésium, et également nitrate et phosphate. Lorsqu’un bac est stabilisé, on ne devrait plus avoir qu’à vérifier que le Kh, Ca et Mg. Voici les valeurs cibles à obtenir :
Température 23-27°, idéalement 25°
Densité 1023-1026, en mer rouge c’est plus élevé que dans le Pacifique par exemple
Ph 7.8 – 8.3 sachant qu’il est forcément plus haut le soir et bas le matin, il faut toutefois essayer de le stabiliser à 8.2
Kh 7-10
Ca 380-450 mg/l
Mg 1250-1350 mg/l
Nitrate et phosphate, le minimum possible sachant qu’elles sont absorbées par les bactéries une fois le cycle de l’azote en place. Les coraux mous et les algues permettent également de réguler cela.
Je passe dans la cour des grands avec mon nouveau bébé : un récifal de 700 litres ! ☺
Je précise tout d’abord que j’ai conçu et fabriqué l’intégralité du projet et cela m’a demandé un investissement en temps assez conséquent. Le bac est en eau depuis un mois et çà fonctionne !! Reste la partie électrique à affiner avec le meuble, le bruit de la descente d’eau que j’ai encore un peu de mal à réduire et le RAC à régler car je viens seulement de le mettre en route ce weekend.
Matériel :Cuve principale 700 litres : 130 x 85 x 65
Cuve technnique : 100 x 60 x 50 dont 70 l de réserve d’eau et 110 l de refuge
Ecumeur Bubble Magus Hero 180
RAC Bubble Magus
Pompe de remontée Jebao DCT 12 000 (utilisée en puissance minimum)
2 résistances de 300 w gérées par un régulateur de température STC 1000
Osmolateur avec double capteur de niveau
3 pompes de brassage : Jebao WP 40 (13 000 l/h au minimum), Tunze 6045 (4500 l/h) et 6065 (6500 l/h) => Je penses les remplacer par une Gyre dans le futur...
Eclairage LED 600w
Meuble maison avec structure acier et encadrement bois en cours de finition au niveau des portes et mise en place future d’un éclairage intérieur
Tableau électrique maison
Détail du vivant :100 kg de pierres vivantes indonésiennes (d’autres seront ajoutées à l’avenir pour obtenir une meilleure activité biologique)
30 kg de sable d’aragonite vivant Red Sea
Divers coraux mous, SPS et LPS, gorgognes
Divers escargots, bernards l’hermite
2 lysmata debelius
Oursin Mespilia globulus
Ophiure Ophiolepis Superba
Un couple de clowns Amphiprion ocellaris
Un couple d’Apogon de Kauderni
Paracanthurus hepatus
Zebrasoma veliferum
Un banc de 4 demoiselles Chromis viridis
Centropyge bicolor
Centropyge tibicen (pas certain de l’espèce)
D’autres arriveront très prochainement…
Je vais tenter de vous décrire à présent au mieux les différentes étapes de création de mon récif. J’ai commencé le marin il y a environ 2 ans et demi avec un 135 litres, puis un 250 l 6 mois après, et un 400 l les 2 suivants ! J’étais cependant frusté par la faible profondeur du bac qui ne permettait pas la réalisation d’un décor immersif ainsi que le volume qui limitait fortement la présence de gros poissons. Je ne pars donc à chaque fois pas de zéro ayant environ 50% de l’eau stabilisée ! Pour ce nouvel aquarium, j’ai commencé évidemment par tout concevoir sur papier ! J’étais tenu par des contraintes comme la taille des bacs que j’ai acheté d’occasion. Suite à cela, j’ai procédé au collage du bac et là pas fier car je n’avais jamais fait ça mais finalement je m’en suis plutôt pas si mal sorti. J’ai ensuite fais appel à mon frère pour la fabrication du support de l’aquarium qui doit quand même soutenir près d’une tonne de matos ! Après quelques jours de boulot étalés sur plusieurs mois faute de temps libres, mon projet voyait doucement le jour…
Voilà, j’ai fait un peu le tour de l’ensemble. En ce qui concerne le budget, ce n’est clairement pas bon marché mais en ayant tout réalisé par moi-même, et en achetant la plupart du vivant chez des particuliers, je penses avoir diminué le coût d’investissement par 2 ou 3 ! Soit tout de même quelques euros et sans compter la consommation électrique qui reste non négligeable ! Mais quel plaisir des yeux d’avoir un récif a l’autre bout de la planète !
Maintenant place aux photos ☺
Bacs prêts à remplir !!
Coraux, pierres et poissons en attente de leur nouvelle maison !
435 litres d'eau osmosée prête à devenir salée !!!
Partie technique en place mais non finalisée
Et enfin le décor en place :-)
D'autres photos du décor et coraux arriveront prochainement...